Son plus grand match
« Je n’ai jamais fait de grand match. Je n’avais ni pic ni creux. J’étais un joueur de base. Et puis de toute façon, il y a toujours une différence avec la prestation qu’on fait et les étoiles que Midi Olympique nous attribue... À bien y réfléchir, si je prends mon passage à Aurillac en Pro D2 (2009-2011), j’étais assez content d’un match à Grenoble (défaite 12-6 en octobre 2009) ou d’une victoire à La Rochelle (22-21 en avril 2010) que nous avions obtenue avec maîtrise... Avec le RC Rouen, nous avions signé un beau succès en play-offs à Valence-d’Agen (24-16) lors d’une saison de crise avec des déboires financiers (2008-2009). Et puis, lors de ma première année à Rouen, en 1998-1999, on était monté en Fédérale 2 en gagnant un match de barrage contre Lagny. »
Sa défaite la plus amère
« Avec Rouen, nous avions perdu à Mermoz contre Carcassonne (20-21 en play-offs de Fédérale 1 en 2008-2009) alors que nous avions pourtant marqué trois essais (de Nanini, Studdert et Mangiamelli) et que nous n’en avions pas encaissé. C’était néanmoins un match qui nous avait mis en avant sur la scène nationale en nous laissant penser que nous y avions notre place. »
Le meilleur joueur avec lequel il a évolué
« À Rouen, Julio Farias était le plus charismatique, tant sur le terrain que par ce qu’il est devenu en partant d’ici. C’était un grand joueur qui a ensuite intégré l’équipe nationale d’Argentine. Il a commencé en sélection à plus de 31 ans et il a obtenu trente sélections (entre 2010 et 2013). Je tiens aussi à rendre hommage à des gars du cru comme Bastien Sevestre qui avait disputé 100 % de nos matches pendant nos trois saisons de Fédérale 1 (2006-2009). »
L’adversaire qu’il a le plus détesté
« À Mermoz, nous avions affronté Nantes qui s’était renforcé avec des mercenaires dont un certain Lalanne qui venait de Dax ou Mont-de-Marsan. C’était comment dire..., un pilier pour le moins rugueux. On avait fini par gagner sur le fil, mais ça avait fini en grande jambonnade. Le président de l’époque avait même reçu deux ou trois tourtes. Le dit
Lalanne avait fini au poste et les Nantais étaient repartis dans la nuit, le temps de le récupérer. »
L’entraîneur qu’il l’a le plus marqué
« C’est Pierre-Henry Broncan à Aurillac. C’est un fin stratège avec une connaissance pointue du rugby. Il m’a ouvert les yeux sur le jeu. Jusqu’à un âge avancé, je jouais au rugby sans comprendre ce qui se passait sur le terrain. Il a su m’éclairer. Notamment sur le jeu des trois-quarts auquel je ne m’étais jamais intéressé. Ce qu’il m’a appris m’a permis de basculer vers un poste d’entraîneur. Ça n’aurait pas été faisable sans cette compréhension. »
« Du ventre-glisse
dans le TGV »
Sa plus grosse boulette
« Ah oui, j’en ai une sur les bras, sur le match de la montée de Fédérale 2 en Fédérale 1 en 2004-2005. On avait joué contre Gennevilliers à l’Aigle. Je fais la faute qui donne la pénalité de la victoire à notre adversaire. J’étais innocent... Je pense aujourd’hui encore que je n’étais pas pénalisable. Sur une touche, alors que le sauteur adverse redescend, je passe entre son soutien et lui. J’arrache le ballon et je ressors du regroupement. L’arbitre estime que j’ai fait le tour du maul. Sur ce coup-là, j’ai appris que même si des choses peuvent être tentées, il vaut mieux s’abstenir. À la fin du match, je suis resté prostré comme ça ne m’est plus jamais arrivé après un match. Je ne suis même pas sorti le soir. Ça doit être la seule fois de ma carrière. »
Sa plus grosse fête
« Je mettrais une pièce sur un retour de Saint-Vincent-de-Tyrosse la première année de Fédérale 1 avec Rouen (2006-2007). On avait fait une énorme fête dans le TGV. On avait fait du ventre-glisse. On avait ramené de la décoration pour le wagon-bar, plus ce qu’il fallait pour les agapes, et la musique qui va avec. On avait plus que pris possession des lieux. On était à la maison. On n’a pas été attendu par la police à l’arrivée. Ça voulait dire que nous n’avions pas dérangé tant de monde que ça. »
Son pire souvenir de rugby
« Avec Aurillac, je rentre en cours de match à Colomiers. Quasiment sur le premier maul que je déblaie, un adversaire me rentre dedans sur le côté. Je me suis fait une luxation intercostale très douloureuse et une élongation à la jambe en tombant. Les jours qui ont suivi, dans la rue, je me faisais doubler par des personnes âgées. C’était difficile à accepter. »
Sa plus grande joie
« Notre montée administrative en Fédérale 1 en 2006. ça faisait deux ans que nous nous cassions les dents pour la montée. On avait fini ex-eaquo avec Vannes et Orléans, mais finalement troisième, car on n’avait pas de soutien politique. Et puis deux clubs avaient fusionné et une place s’était libérée. Je venais de finir une intervention dans une école où ma belle-sœur était institutrice quand j’ai reçu un message de Didier Geneste qui m’expliquait qu’on montait. On s’est retrouvé au club house pour célébrer cette nouvelle. »
Son plus gros délire
« Alexandre Lelarge (aujourd’hui commercial au RNR et entraîneur de l’ASRUC) dit Bayou m’en a fait voir de toutes les couleurs. Un jour à Compiègne, il m’a fait passer pour un Géorgien auprès d’un arbitre, en lui expliquant que je ne comprenais pas le français et qu’il allait assurer la traduction. Pendant le match, il me parlait dans un langage qu’il inventait et l’arbitre en redemandait. On m’a aussi raconté que Bastien Sevestre, le capitaine quand le club est reparti en Fédérale 3 en 2009, avait répondu à un arbitre qu’il ne pouvait parler avec ses trois-quarts parce que c’était des cons. Ce n’était pas du tout une provocation. Il ne leur parlait jamais. »
Le partenaire avec lequel il s’est embrouillé
« À Arras, notre coach et notre capitaine qui n’en était un qu’à moitié se sont amusés à nous mettre des notes alors que nous avions pris 30 points. Bizarrement, ce capitaine était le seul à être bien noté. J’avais trouvé ça très peu corporate et je l’avais fait savoir. Il faut savoir utiliser la méthode sous-jacente... »
L’arbitre qui l'a le plus déconcerté
« En championnat universitaire, on avait la grande chance de tout gagner quand un certain arbitre normand était au sifflet. Il ne s’étouffait pas avec l’honnêteté. »
Un pilier du club rouennais...
Rouen, c’est Grégoric Bouly, autour duquel tourne la vie du club depuis plus de 20 ans. Pourtant, l’ancien pilier, poussé vers la retraite par une méchante tique qui lui a inoculé la maladie de Lyme, n’est pas un gamin du cru. « Je suis arrivé à 18 ans pour mes études à la fac et j’ai rejoint le club la deuxième année. » Grégoric Bouly n’est pas Normand, mais Picard, originaire de Chaumont-en-Vexin dans l’Oise. Il a définitivement adopté la nationalité normande en intégrant le lycée Louise-Michel de Gisors. Il a porté les couleurs du RC Rouen de 1997 à 2 009. Après deux saisons professionnelles à Aurillac en Pro D2 (2009-2011), il est revenu, signant au Stade Rouennais porté par Marc-Antoine Troletti qui avait repris le club deux ans plus tôt après sa mise en liquidation judiciaire. « Il m’avait proposé un challenge intéressant et je n’avais pas eu trop de mal à me laisser tenter. Le monde pro, c’était sympa, mais je n’avais pas envie de remettre le couvert ailleurs, car je ne trouvais pas très agréable de devoir recomposer un environnement social ailleurs. »
Un temps entraîneur adjoint de l’équipe fanion auprès de Richard Hill, Grégoric Bouly se consacre maintenant, aux côtés de Villy Hordila, aux Espoirs fraîchement promus en Reichel. « On va essayer de nous faire connaître sur la place. » Le joyeux drille qui connaît toutes les ficelles des règlements est également secrétaire général du club et élu à la Ligue de Normandie, président de la commission sportive. Et comme preuve absolue qu’il a bien pris racine dans la région, il a investi dans une chaumière à la Londe.
Grégoric Bouly en bref
Né le 4 mars 1978
à Chaumont-en-Vexin (Oise)
Joueur à Gisors, RC Rouen, Aurillac, Stade Rouennais
August 03, 2020 at 04:29AM
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L'interview décalée : l'emblématique pilier rouennais Grégoric Bouly ouvre sa boîte à souvenirs - Paris-Normandie
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